Moment de répit trop court

Publié le par wandess

J’avais remarqué une chose. Une sorte de loi universelle propre à mon existence si on peut dire cela. Lorsque j’avais d’un côté de l’argent qui entrait, systématiquement il fallait que de façon imprévisible il en ressorte d’un autre côté : aider Karim financièrement, puis cette bagnole qui venait de me lâcher en pleine nature avec à l’horizon une facture bien salée pour les réparations. J’avais passé une partie de la nuit précédente paumé en bord de forêt à attendre que Marc vienne me chercher. Pas facile, je ne savais en outre pas où je me trouvais. En attendant la caisse attendait en pleine nature, dieu ne savait où.

 

 

 L’affaire Kiki avait tout balayé sur son passage. Et nous n’avions sans doute pas encore mesuré toutes les répercutions de cette connerie. De pas mal de drame en fait si on fait le calcul, l’humanité réagit en général avec une forme de stupidité à vous en laisser tomber les bras par terre. On dit qu’on apprend et qu’on avance des deuils. On oublie de dire qu’en réalité cela est bien rare, et que les groupes humaines apprennent surtout, et tirent des leçons bien davantage en fait suite aux inepties qu’ils ont commises après une perte. A priori la noyade de cette fille n’avait rien à voir avec ma propre existence. Mais par ricochet ma vie s’était trouvée affectée. Un petit paquet de joli malin s’étaient une fois de plus montré à la hauteur de leur réputation supposée, c’est à dire n’importe comment, et sans sang froid. A croire que la mort de cette pauvre fille avait été l’occasion pour eux d’extérioriser une bonne part du mal qu’ils portent en eux et refoulent avec grâce ou calcul le reste du temps. Je pouvais bien rester chez moi mes deux pieds sous la table sur la terrasse de la baraque, mais ça n’y changeait rien. Je préférai donc prendre le parti de vivre plutôt que de me morfondre. J’ai levé la main en direction de Marc pour lui signifier que j’étais crevé, que je demandais un break.

 

 

Nous avons posé nos raquettes sur le banc. Décidément j’avais bien du mal à me remettre au sport. Et avec cette chaleur je commençais à me dire que c’était bien encore une de mes mauvaises bonnes idées. J’avais bien fait de prévoir une serviette blanche en coton comme à la télé. Je dégoulinais littéralement.

 

_ Ca fait du bien quand même de suer un bon coup ! S’enthousiasma Marc.

 

_ Tu me permettras de te donner ma réponse à une date ultérieure...

 

_ En fait faudrait amener Karim à se débarrasser de l’hôtel… C’est un gouffre ce truc. On peut en faire quelque chose, mais il faudrait beaucoup d’argent ou d’énergie. Et il n’a ni l’un ni l’autre. Quand tu n’étais pas là leur couple a bien failli voler en éclats à plusieurs reprises. Ludivine faisait tout, et lui pas grand chose… Mais bon Ludi a l’énergie mais pas l’argent. Faut les convaincre d’arrêter les frais là.

 

_ Je ne crois pas que tu leur feras entendre raison… Ils se sentent chez eux. Ils auront du mal à bouger…

 

Il se releva et repris sa raquette dans sa main en murmurant que c’était reparti.

 

_ Sans moi… Accorde-moi encore deux minutes… le suppliais-je

 

_ Tu gardes ça pour toi ?

 

_ De quoi ?

 

_ Ludivine… Ludivine elle pense à se casser…

 

_ Et elle t’a dit cela à toi ???

 

 

 

Marc jouait sans s’en rendre compte un rôle de père de substitution. Pas que pour moi. Il en avait toujours été un peu ainsi. L’avantage c’était que lui on l’avait choisi. Il était d’ailleurs plutôt un grand frère. Un ami doué d’une expérience plus grande. Jamais un donneur de leçon. C’était un type posé,. Tranquille. Sauf quand on était dans sa classe où il fallait entendre les mouches voler. Mais ce temps là était loin à présent.

 

 

Je me suis mordu les lèvres en essayent de rattraper un de ses revers. Karine venait de passer derrière lui, entre notre cour et un autre. Avec sa jupe blanche plissée, elle était à tomber à la renverse. Je devais me l’avouer, je pensais encore souvent aux moments merveilleux où nous baisions ensemble. C’était presque pas plus tard qu’hier à l’échelle de ma vie. Quant au type qui l’accompagnait, je ne connaissais plus son nom mais dans mes souvenirs c’était un parfait connard. Il m’a salué de la main. Elle pas. Elle était encore plus bandante alors qu'elle était distante et drapée dans son mérpis à mon égard. Un coup à me mordre mes dix doigts. Je me suis pris le service de Marc en pleine gueule. Au bruit, je crus sur le moment m'être pété une dent

Publié dans Altencia (Fiction)

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