Sur la route...

Publié le par Wandess

Le bonheur un peu naïf de tout larguer derrière soit, la main sur le volant, une seule s’il n’y a pas trop de vent, user le siège de la voiture, cloper comme si on avait toujours vingt ans, la route est chaude… On roule. « Il ne faut jamais freiner, les voiture sont faites pour rouler, pas pour s’arrêter » hurle le chanteur de Blankass dans le lecteur disque, ne laisser aucun faux ami nous retenir, nous empêcher de partir. Ma voiture, ou la voiture d’un autre, une bagnole, collée à la route ou un peu légère, sans clim’ si possible, être comme sous anesthésie, les lunettes de soleil sur le pif, pas besoin de déo, il ne tiendrait pas. La route répare-t-elle ?

 

Remplir le cendrier, passer des CD ou zapper entre les différentes radio. On part. On s’en va. On est sur la route. Rien d’autre n’a d’importance. Arriver ? On verra plus tard et rien ne presse. La route seulement et toujours, comme une copine de voyage, une autostoppeuse prise sur le bord de la route, on la case sur la banquette arrière, là où il reste de la place, écrasée entre les sacs. Prendre les airs d’autoroutes, boire un café, fumer une autre clope, ou bouffer des compotes de pomme si on ne fume pas.

 

La route a des tas d’amis. Jean-Jacques Goldman l’a chanté, puis Blankass, puis aujourd’hui Raphael et JL Aubert. Kerouac l’a raconté, Djian a écrit dessus. Il y en a tant d’autres à aller rencontrer encore.

 

Nul besoin d’aller vite, de faire les cakes. Pas de pneus élargis, pas de kit de tuning, l’esprit de la route, c’est autre chose, c’est les chromes des belles américaines dans la tête, les stations essence perdues en rases campagnes avec les superettes. Les bleds qu’on traverse. La vitesse n’a pas d’importance, les meilleurs road movies sont les plus lents. Prendre le temps de respirer. Réapprendre à attendre. Etre patient. Espérer un soleil rose au bout du virage, passer lentement sous les pins, regarder les platanes s’agiter dans le vents, ou les observer immobiles, plantés dans la chaleur. Suffoquer. Ouvrir la vitre, les cheveux au vent. Faire un bras d’honneur au con, au cul blanc du représentant en Mercedes, au type en casquette qui montre sa bite derrière le volant de sa BX peinturlurée! Sur la route on traîne, les panneaux blancs et rouges signalant les vitesses, pas de risque de les griller. Il y aura toujours des gens pressés, le plaisir est là, on les voit nous doubler, s’emmerder, rager, ces cons qui n’ont rien compris.

 

Réapprendre la lenteur. La langueur. Se mettre dans l’esprit qu’il faut pour ne rien faire. Calmer la folie qui parfois s’agite en nous.

 

Une odeur, une musique, un rythme, une température, des lumières rien que pour nous. La route nous attend, en voiture, à pied ou en vélo. Etre « sur le route », être sûr de son art, savourer la manière.

 

Publié dans Coups de vents

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